Prévention des violences sexistes et sexuelles : le fil se mobilise.

Si #metoo a positivement contribué à une importante libération de paroles et des prises de conscience nécessaires, les violences sexistes et sexuelles subsistent dans toutes les strates et tous les milieux de la société. Parce qu’il reste beaucoup à faire et que le milieu de la musique n’est pas exempt de ces problématiques, le fil se mobilise. Information, formations, prévention et actions, les acteur·rice·s culturel·le·s de la salle s’engagent à lutter contre les violences sexistes et sexuelles au sein du milieu festif.
La nouvelle directrice du fil, Ludivine Ducrot, fait de ces questions une priorité. « Ça fait vingt-cinq ans que je fais des concerts, explique-t-elle. J’ai toujours conscientisé la question des violences sexistes et sexuelles mais je n’en parlais pas, personne ne voulait entendre. C’est une parole qui a été mise sous cloche pendant des années ; quand tu mets le doigt sur cette problématique, tu t’aperçois qu’elle est beaucoup plus impactante dans les structures que tu n’aurais pu le croire. Nous sommes dans un lieu labellisé : il faut qu’on embraye dans ce mouvement-là et qu’on passe à l’action. »
La directrice souligne « l’importance du travail régulier, de l’intelligence collective pour structurer la pensée ». C’est en ce sens, et avec une exigence et une envie communes à toute l’équipe du fil, qu’ont été organisées depuis septembre quatre formations de deux heures chacune, à destination des salarié·e·s, bénévoles, intermittent·e·s et membres du Conseil d’Administration, autour des violences sexistes et sexuelles et des addictions, en partenariat avec une infirmière et les associations Avenir Santé et Aispas. Référente sur ces questions au sein du CA et créatrice de l’association Giddy up, Valérie Gerenton décrit ces formations comme un espace « de mise au point, d’ouverture, d’échanges et de discussion ». Brainstormings, informations, mise en commun : plus qu’un état des lieux, l’objectif de ces réunions était aussi de réfléchir et penser ensemble l’amélioration de la prévention au fil et, poursuit Valérie Gerenton, « dégager l’ossature d’une charte interne en dix points, que chacun·e, en travaillant ou étant bénévole, s’engage à respecter ».
Informer et former les équipes internes afin de conscientiser l’espace festif et intervenir auprès des publics : c’est dans cette direction que se mettront en place plusieurs actions lors des concerts, notamment des stands de prévention en partenariat avec des structures associées, une signalétique claire, et une équipe de bénévoles (les FIL SAFE), sensibilisé·e·s et à l’écoute, en maraude tout au long des soirées, doté·e·s d’un numéro de téléphone et prenant en charge si nécessaire l’accompagnement des victimes. Ludivine Ducrot précise que « le fil doit être un lieu sécurisant, serein. Les gens doivent venir en se disant qu’ils ne risquent pas quelque chose. On n’a pas la science infuse sur ces questions mais on peut mettre en place un process qui nous ressemble, qui ressemble au public du fil ». « Nous voulons affirmer l’espace festif tout en restant vigilant·e, ajoute Valérie Gerenton, un espace basé sur la bienveillance. Nous voulons aussi travailler avec les autres lieux, mettre en place des protocoles d’urgence, un même code à déployer sur l’ensemble du territoire stéphanois. »
La directrice indique que ces exigences doivent s’effectuer à tous les niveaux et que les postures et valeurs portées par le fil concernent également la programmation et les relations avec les artistes. « Le fil est un collectif, il faut arriver à tenir la ligne, que ce ne soit pas que théorique, initier une démarche et se nourrir ensuite de ce que chacun a fait. On veut créer un système pérenne et responsabiliser tout le monde. Ces questions, conclue-t-elle, ne doivent pas être portées que par les femmes. On a tout à y gagner en étant dans une logique d’inclusion. »

Luna Baruta

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